Une initiative refraîchissante née dans l'entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet : le site internet des bénis-non-non : http://bnn.fr/. L'objet en est simple : recenser toutes les oppositions non argumentées aux reformes en cours - et elles sont nombreuses ! Il ne s'agit bien évidemment pas de stigmatiser l'opposition qui prend la forme d'un débat d'idées - elle manque parfois cruellement, y compris au sein de la majorité -, mais bien de faire apparaître que c'est souvent le seul immobilisme, sans proposition alternative, qui domine chez certains politiques, de tous bords.
Il ne s'agit pas seulement des retraites, même s'il est évident que c'est la question politique centrale du moment. De nombreuses personnes demandent un vrai débat sur les retraites ; c'est une excellente idée, à une condition à la fois évidente et majeure : le diagnostic évident, partagé par tout expert sérieux, que notre système par répartition - un des piliers de la solidarité et de la cohésion sociale qu'institue la Sécurité sociale - est en danger si nous ne faisons rien - et en plus grand danger encore si les mesures prises menacent la croissance. Une idée simple, mais que beaucoup ont l'air d'ignorer ... certains allant même jusqu'à contester les déficits prévisionnels et la courbe démographique ! A partir de là, les questions d'équité, de pénibilité, de gestion des carrières et des temps de la vie peuvent faire l'objet de débats intelligents sur la base des propositions du Gouvernement.
J'ajouterais que ce débat est nécessaire, mais qu'il faut arrêter avec l'idée qu'il passe par la rue. Les syndicats ont vu leur représentativité améliorée grâce aux réformes entreprises en son temps par Xavier Bertrand. Le premier niveau de discussion sur les retraites doit être celui de la démocratie sociale, tripartite, syndicats, patronats, Gouvernement, avant d'élargir le débat. Comment voulons-nous parvenir à une démocratie sociale apaisée, qui s'intéresse à la création de richesses et à son partage, aux conditions de travail, à la participation, si cette étape devient insignifiante ?
Malheureusement, les sujets sont nombreux pour les bénis-non-non - ils sont même infinis puisqu'il n'est pas besoin de connaître un dossier pour s'opposer par principe. Alors, à vos journaux, radios, téléviseurs, ordinateurs, poiur alimenter le site des bénis-non-non ! J'ajouterais que si cette initiative vient de la majorité - ce qui paraît logique, quelle que soit la couleur politique de cette majorité -, il n'est pas inintéressant de relever de part et d'autre les interventions qui entretiennent le populisme et l'inaction politique à peu de frais. Croire que le lien entre le politique et le citoyen se renouera par la mobilisation du non est une erreur ! Renouons avec le temps des propositions - et celui de la vision.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.