Cette tribune est parue dans Le Monde daté du 2 avril 2011.
La question de la prédominance de la République sur les religions est une question qui intéresse le débat public depuis 1789. De multiples étapes ont jalonné ce débat. J’en citerai trois qui correspondent chacune aux grandes religions monothéistes.
En 1807, Napoléon, souhaitant organiser le culte judaïque en France, adresse 12 questions sur la nature du culte et ses rapports à la nation à une assemblée de notables juifs. Les réponses, validées par un grand sanhédrin, sont à la base de la création des consistoires qui structurent toujours l’organisation du judaïsme de France.
La loi de 1905 est l’aboutissement logique de l’affrontement entre l’Etat et l’Eglise catholique. Elle met fin à un siècle de conflits, d’opposition entre le culte dominant et l’Etat français. Mais contrairement aux idées reçues, la loi de 1905 n’est pas un combat contre la religion et la liberté religieuse. Bien au contraire, l’Etat se pose en garant de la liberté religieuse et de son expression publique. Le législateur n’a pas souhaité enfermer la religion dans une dimension exclusivement privée. Il a simplement affirmé l’indépendance de l’Etat face aux religions mais aussi l’indépendance des religions face à l’Etat. L’Etat ne reconnaît aucun culte parce qu’il les reconnaît tous. Une loi qui se résume par cette belle formule de Jaurès, « permettre à des gens qui ne tomberont jamais d’accord de tout de même vivre ensemble ». Déjà le vivre ensemble…
La troisième étape s’ouvre en 2002 lorsque Nicolas Sarkozy lance la structuration du culte musulman de France, débat prolongé par le président Chirac avec la loi sur le voile à l’école et l’excellent rapport de la commission Stasi, et relancé plus récemment encore avec la loi contre la burqa promulguée en octobre 2010.
Ce débat est nécessaire. Nécessaire parce que la pratique religieuse évolue et qu’elle n’est pas figée depuis 1807 ou 1905. Nécessaire parce qu’il préoccupe nos concitoyens. Nécessaire parce que laisser le débat de la République laïque aux seuls extrémistes, de gauche ou de droite, serait un non sens politique. Nécessaire enfin parce que l’Islam est devenu la deuxième religion de France et des Français.
Un débat nécessaire mais un débat difficile. Difficile parce que sa matière, qui relève tout autant de l’intime que de la question sociétale, est complexe. Difficile aussi parce que ce débat ne peut se résumer en un débat pour ou contre le financement des mosquées et enfin parce qu’il comporte le risque de dériver très vite vers un débat pour ou contre l’Islam comme en témoignent déjà les réactions et incompréhensions récentes à l’évocation de l’ouverture de ce débat.
La question se pose donc sur l’intitulé même du débat qu’il est important de cadrer : est-ce un débat sur la laïcité ou un débat sur l’Islam ? Il ne saurait être question d’organiser un débat sur la nature de l’Islam comme religion parce que la règle théologique n’est pas du ressort public et qu’il ne peut être question de stigmatiser un culte. La question posée est donc bien celle des règles qui régissent les rapports entre la République française et l’ensemble des cultes en tenant compte du paysage religieux contemporain. L’Islam n’était pas une réalité française en 1807 ou en 1905, elle l’est désormais, et sa question de ses rapports avec la République doit être abordée.
Je sais que beaucoup considèrent la loi de 1905 comme constitutive du patrimoine républicain et à ce titre intouchable. Je comprends cette analyse même si je ne la partage pas. Cette loi a été modifiée à 13 reprises. On y a dérogé notamment pour permettre le financement de la Grande Mosquée de Paris sur fonds publics, en hommage aux 70 000 morts de confession musulmane qui avaient donné leur vie pour la France ! Ajoutons aussi que la loi de 1905 ne s’applique par ailleurs pas dans trois départements métropolitains : le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle. Or personne ne considère que la République en soit absente, que les religions y sapent l’esprit civique et empêchent le respect des lois !
J’ai décidé, il y a plusieurs mois, d’organiser les travaux du Club 89 autour du fil directeur « les nouvelles libertés et les nouvelles sécurités ». Nous avons pris la décision d’aborder, sous cet angle, à l’occasion d’un colloque organisé le 2 avril prochain, la question des religions dans notre République, avec une idée constante : les nouvelles libertés religieuses ne pourraient être octroyées qu’à la condition d’une réaffirmation forte et intangible d’une soumission des cultes aux valeurs de notre République.
Je suis viscéralement attaché au principe de laïcité, comme valeur fondamentale de la République compatible avec les convictions religieuses de chacun. C’est en continuant dans la voie d’un laïcisme qui gomme la question religieuse contemporaine que nous affaiblirons la laïcité et contribuerons à la montée des intégrismes et au repli communautaire, autant de phénomènes que nos valeurs récusent et que l’immense majorité des croyants récusent.
C’est donc autant un principe de réalité que l’attachement aux valeurs fondamentales de notre République qui doivent nous conduire à oser sortir de nos blocages idéologiques si souvent contre productifs. En ignorant les problèmes actuels, en créant une pratique religieuse à deux vitesses, c’est la laïcité qu’on malmène. Et le principe est plus important pour moi que la loi, qui n’est qu’un outil.
Au nom de la République laïque je ne peux accepter l’influence de certains financeurs étrangers, je ne peux accepter la prière dans la rue, l’absence de formation républicaine des ministres des cultes, l’éducation religieuse sans contrôle, les inégalités basées sur le sexe. Ces pratiques, combattues par la plupart des musulmans, des juifs ou des chrétiens, sont contraires à nos valeurs. Aussi je crois essentiel de définir les valeurs que la République française refuse de négocier avec une quelconque minorité culturelle ou cultuelle. Mais demander le respect de nos règles par tous, c’est en retour faciliter l’exercice de la liberté religieuse. C’est donc s’interroger sur le financement des lieux de culte, c’est s’interroger sur le développement des contrats d’associations scolaires ou l’organisation des carrés confessionnels dans les cimetières.
C’est dans ce contexte qu’il faut se poser la question d’un nouveau pacte entre l’État et les religions. Ce pacte doit définir l’intransigeance républicaine sur nos valeurs fondamentales et les nouvelles libertés religieuses que nous pouvons accorder aux cultes français.
Benoist Apparu, Secrétaire d'Etat chargé du logement, Président du Club 89
La loi de 1905 c'est la séparation de l'Eglise et de l'Etat ! Ou l'Eglise doit elle même se gérée, entretenir ses églises et payer ses prêtres ! Rien à voir avec la liberté religieuse ! La laïcité et de ne promouvoir aucune religion ! la France est un pays laïque mais de religion chrétienne dont catholique pour la grosse majorité des Français qui fait partie de notre patrimoine culturel ! L'islam ne fait partie des valeurs culturelles de la France et ni de l'Europe ! L'islam est pratiquée essentiellement par une population immigrée du Maghreb! Il serait absurde de construire une grande mosquée par l'argent public ! Cela serait contradictoire ! Alors que dans les pays musulmans, il est interdit de pratiquer une autre religion, les chrétiens sont menacés !
Rédigé par : Nelly | 10/12/2011 à 22:33