En 2014, la France se souviendra qu’il y a cent ans commençait la Grande Guerre. Elle se souviendra qu’un million trois cent cinquante mille Français y perdirent la vie. Elle se souviendra et elle voudra essayer encore une fois de comprendre. Elle voudra voir ce qu’ont vu les combattants, entendre ce qu’ils ont entendu. Elle voudra connaître leurs pensées et leurs sentiments, écouter leurs paroles et les cris des blessés et les gémissements des agonisants. La France voudra revenir vers l’énigme de la Grande Guerre, l’énorme et tragique expérience dont est né notre temps.
Elle dispose pour cela d’une somme considérable de témoignages, récits et documents. Beaucoup sont bouleversants, aucun n’atteint, à la fois, la puissance d’évocation et l’humanité, l’objectivité et l’émotion, la clarté et la beauté du récit que Maurice Genevoix a laissé de la guerre qu’il a faite d’août 1914 à avril 1915, dans la Meuse, avant d’être grièvement blessé. Cela est reconnu. Les historiens vont chercher la vérité dans ce texte abondant et puissant. Ils l’y trouvent, détaillée, précise, et par surcroît un frisson de pitié et de tendresse, qui, lecture après lecture, paraît toujours neuf et profond, et les submerge.
C’est Maurice Genevoix que les anciens de Verdun avaient porté à leur tête pour que soit créé à Douaumont le Mémorial où ils déposeraient leurs pauvres et glorieux souvenirs, et ceux des morts. C’est à Maurice Genevoix que le général de Gaulle avait demandé de clore les cérémonies du cinquantenaire, devant le monument des Fantômes, à la butte de Chalmont, le 18 juillet 1968. C’est dans Maurice Genevoix, dans Ceux de 14, constamment réédité, que des lecteurs de tous âges continuent d’approcher au plus près de ce que fut la détresse et la grandeur des combattants. Car c’est par ce livre que dans notre langue est conservée vivante, vraie et fraternelle, la voix d’un homme dans la Grande Guerre, et dans celle-ci, la voix de tous les autres.
Pour ces raisons, et celles que découvriront les générations suivantes dans l’inépuisable chef d’œuvre qu’est Ceux de 14, nous proposons que le 11 novembre 2014 les cendres de Maurice Genevoix soient transférées au Panthéon.
Appel lancé à l'initiative de Sylvie Genevoix (In memoriam)
Publié dans Le Figaro - le 9 novembre 2011
Vous pouvez signer cet appel (nom et profession) en envoyant un mail à [email protected].
Premiers signataires
Suzanne Genevoix
Francoise Viales Genevoix
Charlotte Larère Genevoix
Julien Larère Genevoix
Bernard Maris, Président de l'Association "Je me souviens de Ceux de 14"
Michel Bernard, Vice-président de l'Association "Je me souviens de Ceux de 14"
Alain Decaux, de l'Académie française
René de Obaldia, de l'Académie française
Christian Namy, Président du Conseil général de la Meuse
Anne Grand d'Esnon, Secrétaire de l'Association "Je me souviens de Ceux de 14"
Jean Spiri, Secrétaire adjoint de l'Association "Je me souviens de Ceux de 14"
Commentaires
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