Ces extraits proviennent de l'interview publiée sur le site internet du JDD - http://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Actualite/Pecresse-Nous-voulons-sauver-le-Grand-Paris-interview-593245.
- Vous venez d’adresser une lettre au Premier ministre à propos du Grand Paris Express.
- Ce courrier est cosigné par 50 parlementaires franciliens, dont François Fillon, Jean-François Copé, Patrick Devedjian, Patrick Balkany, Philippe Goujon, Henri Guaino, Christian Jacob... [...] Malgré nos différences, nous voulons tous sauver le Grand Paris, tel que l’a imaginé Nicolas Sarkozy. En tant qu’élus nationaux et franciliens, nous savons qu’il s’agit du seul projet d’avenir pour cette région et que l’ensemble du pays en bénéficiera. Le Grand Paris est le seul moyen de créer des emplois et de résoudre la crise du logement en Ile-de-France. Il faut absolument conserver l’objectif initial de 30.000 emplois et 70.000 logements par an.
- Que demandez-vous ?
- Nous voulons que le projet soit réalisé dans son intégralité et dans les délais prévus, c’est-à-dire terminé en 2025. Il est indispensable de boucler la boucle. Si on tronçonne le Grand Paris Express, il n’existe plus et ne permet plus de résoudre la saturation des RER. De même, il est crucial de desservir les aéroports, vitrines pour les touristes, les investisseurs. Vous exprimez votre "inquiétude" quant à la poursuite du projet… Il y a de quoi être inquiet : 16 gares sont menacées [sur 72], ainsi que 78 km de tronçons [sur 200 km], c’est-à-dire 40% du projet. Depuis le début, le gouvernement ne cesse d’envoyer des signaux négatifs. C’était déjà une provocation de nommer Cécile Duflot, ministre en charge du Grand Paris, alors qu’elle a été l’une des plus virulentes opposantes au projet. Elle a voté contre le Grand Paris au conseil régional. Puis, il y a eu la non-inscription du milliard d’euro dans le budget 2013. Depuis, ce ne sont que déclarations contradictoires. De nombreux spécialistes disent qu’il est impossible, même en Chine, de construire 200 km de métro d’ici 2025… Mme Duflot a déclaré qu’on pourrait démarrer toutes les lignes en même temps! Cela signifie donc qu’aux yeux du Gouvernement, c’est réalisable. On ne peut pas décaler la livraison à 2030, c’est un horizon trop lointain. Et que dire de 2040? On peut se projeter à 10 ans. Mais vous trouverez peu d’acteurs économiques qui envisagent leurs projets à 20 ans. De plus, tout retard risquerait de compromettre des projets d’envergure nationale comme le campus scientifique de Saclay ou le projet innovant de centre commercial et de divertissement EuropaCity, dans le Triangle de Gonesse, qui permettra de créer 12.000 emplois pendant sa construction et 12.000 emplois lors de son exploitation.
- Quelles sont vos "propositions innovantes"?
- On a deux principes : on reste à 2025 et contrairement aux socialistes on n’augmente pas les impôts car les Franciliens sont en overdose fiscale. Dès lors, comment fait-on pour financer le surcoût de près de 10 milliards d’euros? D’abord, on allonge les délais d’amortissement des prêts ; pour le métro parisien, on a mis près de 100 ans pour rembourser. On peut aussi mobiliser un emprunt auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI). On peut également faire appel à l’épargne réglementée, c’est-à-dire aux fonds du Livret A, récemment déplafonné. Ces fonds destinés à la construction de logements ne sont actuellement pas dépensés. C’est l’arrivée du métro automatique qui va permettre de créer des logements. Il y a donc une logique à se tourner vers le Livret A.
- Quelles nouvelles ressources préconisez-vous, puisque que vous refusez toute recette fiscale supplémentaire?
- Les socialistes ont décidé d’augmenter la TVA sur les transports de 7 à 10% au 1er janvier 2014. Cela représente 100 millions d'euros par an. Cet argent pris aux usagers franciliens, je souhaite que le Gouvernement l’utilise pour réaliser le Grand Paris Express. Autre piste : puisque le Grand Paris est un investissement, un futur joyau pour l’Etat, on pourrait envisager, pour le financer, de céder d’autres actifs détenus par l’Etat. Le portefeuille des participations de l’Etat dans les seules entreprises cotées s’élève à 55 milliards d'euros. Bien sûr, il ne s’agit pas de toucher aux secteurs stratégiques pour la France, ni de mettre en péril des emplois. Pas question de céder des participations dans Renault. Mais en 2007, Nicolas Sarkozy avait vendu une partie du capital d’EDF (3,5 milliards d'euros) pour financer les campus universitaires. Nous nous inscrivons dans cette logique. Enfin, nous demandons que la région Ile-de-France finance le Grand Paris Express à hauteur de 100 millions d'euros par an. Où la région trouverait-elle une telle somme? Elle peut faire de nombreuses économies et les mobiliser pour le Grand Paris Express. Déjà, il faut dénoncer un scandale : l’Etat a transféré à la région des taxes pour financer la modernisation des transports (taxe sur les bureaux, redevance pour création de bureaux, relèvement des amendes, TIPP "Grenelle"). Mais la région n’utilise pas tout pour les transports : 51 millions d'euros sont utilisés pour autre chose. Je demande l’affectation intégrale de ces recettes aux investissements de transport. Par ailleurs, on peut réaliser des économies de 30 millions d'euros par an sur les organismes associés de la région. Enfin, je réclame le déménagement du siège de la région du 7e arrondissement vers une zone périphérique ; ce qui permettrait de faire 25 millions d'euros d’économies par an. Mises bout à bout, ces économies représentent environ 100 millions par an. Toutes ces mesures additionnées permettent de financer le Grand Paris sans nouvelles taxes.
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