Dérapages verbaux à l’extrême-gauche, poussée électorale de l’extrême droite, et face à ces phénomènes, des grands partis sur la défensive, comme paralysés par les outrances d’orateurs populistes, déboussolés par ce flou idéologique qui sait parfaitement flatter les peurs et les inquiétudes d’un pays traumatisé par la crise… Voici le triste constat de ces derniers jours, un constat auquel nous ne saurions nous résoudre.
Jusqu’à quand craindrons-nous les extrêmes et quand nous mettrons nous à les combattre ? Voici la seule question qui vaille aujourd’hui, et nous avons l’impérieuse nécessité à l’UMP d’y apporter des réponses précises. Une question sur laquelle le PS, interrogé sur un report de voix massif vers le FN dans l’Oise, bousculé par les imprécations du Front de gauche, ferait bien également de se pencher, à rebours de ses habituelles caricatures sur une droite toujours soupçonnée d’être tentée par une alliance avec l’extrême droite.
Pour combattre les extrêmes, il faut sortir justement de ce soupçon permanent de connivence qu’aucun acte, aucune déclaration de responsable de notre parti n’est jamais venu confirmer. Nous n’avons pas de leçon à recevoir sur ce sujet, et nous en aurons d’autant moins si nous agissons très clairement pour proposer une alternative politique claire, sans nous poser la question de notre position par rapport au FN.
Ce combat, il ne passe pas par l’incantation, mais par l’action.
Une action résolue pour l’emploi, à l’image des propositions qui ont été faites par l’UMP lors du vote sur la motion de censure à l’Assemblée nationale : logement, services à la personne, ce sont des exemples clairs de secteurs où il y a de véritables marges de manœuvre pour lutter contre le chômage, hélas ignorées par le gouvernement et sa folle politique fiscale. La convention sur la fiscalité organisée par l’UMP a permis aussi non seulement de dénoncer la pression fiscale toujours plus forte sur les classes moyennes, mais d’avancer des propositions plus justes sur la répartition. Ne nous y trompons pas : c’est bien le chômage, c’est bien le sentiment d’injustice face aux efforts demandés qui font le lit des extrêmes.
Une action résolue pour l’entreprise. La montée du vote contestataire chez les cadres du privé et les chefs d’entreprise témoigne de ce sentiment d’incompréhension d’un monde politique toujours plus coupé des réalités économiques. Non qu’ils y trouvent plus leur compte dans des partis dont le programme économique est inexistant ! Mais c’est notre faiblesse parfois à les soutenir, notre manque de considération envers eux qui se trouvent ainsi mis en lumière.
Une action résolue pour la refonte de notre modèle social. Comment expliquer aux retraités actuels que l’on n’a pas anticipé la démographie ? Comment expliquer aux générations futures que l’on n’a pas su gérer la dette sociale ? C’est un débat national qu’il nous faut d’urgence, des mesures encore plus courageuses, sur les retraites, sur l’assurance maladie, au risque de voir se multiplier les petits mécontentements qui finissent en protestation dans les urnes.
Une action résolue pour lutter contre la fraude. Cette fraude qui nous coûte, qui remet en cause les fondements de notre modèle de solidarité, qui interroge chaque Français sur son rapport avec l’un des principes fondamentaux de la République, la solidarité, qui ne peut reposer que sur la confiance. Là encore, seule une lutte énergique permettra de mettre fin à cette impression de laxisme qui conduit trop souvent au vote protestataire.
Une action résolue pour une Europe forte. Comment accepter les discours les plus populistes qui visent à proposer en bouc-émissaire un modèle d’organisation politique, économique et monétaire, que nous avons librement choisi et même inspiré ? Si toute institution est perfectible, alors faisons entendre notre projet pour un véritable protectionnisme européen et une intégration plus forte.
Une action résolue pour renforcer la sécurité dans notre pays. L’exaspération des Français en la matière est réelle, et ils demandent plus que des rodomontades ministérielles qui masquent mal le laxisme des nouvelles politiques pénales. Ils demandent de la fermeté, autant que des solutions de long terme. Nous devons trouver le bon chemin entre l’importance de la prévention et la lutte déterminée contre les nouvelles formes de criminalité.
Une action résolue pour la laïcité. Une fois de plus, ce principe essentiel de notre République est attaqué. N’attendons pas que de nouveaux dérapages interviennent, que les positions se cristallisent, se radicalisent, pour préciser notre vision sur ce sujet et proposer de nouvelles lois qui pourront être consensuelles si elles sont conçues dans le dialogue, dans un esprit positif, et non de réaction permanente à l’actualité comme à la pression des extrémistes de tous bords.
Traçons des lignes claires sur ces sujets, ne nous laissons enfermer ni par l’aile conservatrice de notre famille politique, qui rétrécit notre champ et renforce la confusion, ni par la peur de traiter de sujets qui ont été préemptés par les extrêmes et leurs fausses solutions. Sachons, comme Nicolas Sarkozy dès 2004 à la présidence de notre parti, élargir le spectre de nos propositions pour parler au maximum de Français, sans craindre de perdre tel ou tel électorat qui de toute façon cherche plus une boussole que des positions toujours mouvantes !
Car comment accepter plus longtemps de n’entendre sur des thèmes aussi essentiels, aussi républicains, que l’intégration, que la laïcité, que la sécurité, que des partis qui n’ont que l’anathème, l’exclusion et des suggestions irréalistes à proposer ? Nous ne devons pas avoir peur de prendre des positions sur ces sujets, mais des positions claires, qui ne changent pas en fonction des événements ou des sondages.
Comment accepter que les partis qui semblent aujourd’hui le mieux parler d’Europe soient ceux qui la nient ? Comment accepter de leur laisser le monopole de la parole sur des sujets aussi essentiels que l’avenir de l’Union, de l’euro, du modèle social européen ? Nous avons là aussi une vraie réflexion de fond à mener pour renouer le fil d’une envie d’Europe avec les Français.
Voici des sujets que nous devons réinvestir avec nos idées, nos convictions, nos propositions, sans avoir d’œillères permanentes, sans se demander si nous risquons de perdre un électorat tenté par un vote protestataire.
Pour cela, il faut un sursaut républicain. Il est temps. Il faut oser avancer sans se préoccuper des extrêmes. Il faut savoir regagner la confiance des Français non par des réactions, mais par l’action.
Le sursaut, c’est aujourd’hui !
(1) Les signataires: Aurore Bergé, conseillère politique de l’UMP (Yvelines), Delphine Burkli, conseillère de Paris, et neuf autres secrétaires nationaux et jeunes élus de l’UMP, Cécilia Durieu, secrétaire nationale de l’UMP (Isère), Salima Saa (conseillère politique de l'UMP), Nathalie Fanfant, secrétaire nationale de l’UMP (Paris), Xavier Fournier, secrétaire national de l’UMP (Loire-Atlantique), Sophie Gaugain, conseillère régionale de Basse-Normandie (Calvados), Cyril Juglaret, chef de file UMP de l’opposition à Arles (Bouches-du-Rhône), Hamida Rezeg, secrétaire national de l’UMP, conseillère régionale d’Ile-de-France (Seine-et-Marne), Sandra Saloum, conseillère générale des Bouches-du-Rhône, Jean Spiri, conseiller municipal de Courbevoie, vice-président de la communauté d’agglomération Seine Défense (Hauts-de-Seine), Ludwig Willaume, conseiller municipal d’opposition à Caen, conseiller de la communauté d’agglomération Caen-La Mer (Calvados).
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.