Pour égayer un peu ce dimanche soir morne, voici l'un de mes poèmes préférés, agrémenté de photos prises par votre serviteur sur les lieux du crime. Je recommande vivement la lecture des oeuvres de Milosz éditées par André Silvaire. L'oeuvre comme l'écrivain sont fascinants.
Tous les morts sont ivres de pluie vieille et froide
Au cimetière étrange de Lofoten.
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au coeur des cercueils pauvres de Lofoten.
Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine ;
Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant
Le sommeil est doux au morts de Lofoten.
Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten ;
Et pourtant c'est en moi comme si j'aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine.
Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
- Le nom sonne à mon oreille étrange et doux.
Vraiment, dites-moi, dormez vous, dormez-vous ?
- Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d'argent est pleine.
Des histoires plus charmantes et moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.
Il fait bon. Dans le foyer doucement traîne
La voix du plus mélancolique des mois.
- Ah! les morts, y compris ceux de Lofoten -
Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi.
Oscar-Vladislas de Lubicz-Milosz
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