Parfois, je me prends à rêver que je siège dans l'opposition municipale, et que je n'ai plus à prendre en compte ce que Leibniz appelle les compossibles. Le monde serait alors merveilleux : je lancerais tout le temps des grands projets, je proposerai la gratuité de tous les services municipaux. Après tout qu'importe, je n'aurais pas de contraintes budgétaires ou autres !
C'est un peu ce qui se passe avec ma délégation, l'intercommunalité. L'opposition PS a voté contre, l'opposition Modem s'est abstenue, sur le projet de communauté d'agglomération avec Puteaux. Je ne reviendrai d'ailleurs pas sur cette abstention, que les fonctionnaires municipaux, pourtant attentifs et diligents, n'avaient pas enregistrée, mais qui permet aux Modem de Courbevoie et de Puteaux d'être en phase (des prémices de l'interco sans doute). Mais attardons-nous sur le motif utilisé, et relayé par leurs articles respectifs : l'intercommunalité avec Puteaux représente une vision trop étriquée du territoire. Si Courbevoie adhère à Paris Métropole, si Courbevoie est très investie dans un syndicat d'études avec quatre autres communes proches, c'est justement parce que nous ne voulons pas limiter notre vision territoriale à la seule problématique de La Défense et au rapprochement avec Puteaux - pour importants qu'ils soient. Jacques Kossowski a insisté plusieurs fois sur la nécessité d'une réflexion sur l'intégration de l'ensemble de la boucle Nord des Hauts-de-Seine. Et, avec Pierre Bordeaux, adjoint chargé de la prospective, notre ville travaille sur son positionnement dans le Grand Paris.
Mais une intercommunalité, ce sont des compétences précises, une gouvernance à mettre en place, et pas seulement une vision territoriale. C'est aussi une négocation entre des communes, qui ont chacune leurs intérêts. Alors, je le dis clairement, partir à six communes était peut être souhaitable, mais ce n'était pas possible. Les négociations à six communes se sont révélées complexes, et il est évident qu'il n'y avait aucun consensus pour débuter un processus de cette nature. D'ailleurs, la plupart des intercommunalités importantes de la région parisienne ont d'ailleurs commencé à deux ou à trois, avant de se regrouper. Ce n'est pas un argument, mais un constat. Je suis désolé d'être dans le réel, mais c'est bien lui qui nous gouverne parfois. Cela n'empêche pas d'avoir une vision territoriale plus vaste. Et, au-delà des hésitations et des impossibilités actuelles, cela ne signifie pas que nous ne parvenions pas à une intercommunalité plus large dans un futur assez proche. Mais, si j'ai des souhaits, des propositions, des visions sur le territoire et le travail en commun avec les communes voisines, que je ne manque d'ailleurs pas d'exprimer, j'ai une responsabilité d'élu, qui est celle d'avancer sur ce dossier précis en tenant compte de ce qui est. Et si nous franchissons l'étape d'après, il sera très facile à l'opposition de dire : "regardez, nous l'avions bien dit, quelle perte de temps !", sans reconnaître une seule seconde que l'étape 2 n'aurait pu être atteinte sans la première. C'est tellement simple de ne jamais prendre en compte aucune contrainte !
Oui, nous vivons dans un univers de compossibles. Et dans ce cadre, l'intercommunalité qui se construit avec Puteaux - à laquelle nous travaillons d'arrache-pied - sera une première étape qu'il faut réussir, à laquelle il faut donner du sens, du concret autant que du projet. C'est sur cette étape que nous nous concentrons, en essayant d'en tirer le maximum pour les Courbevoisiens comme les Putéoliens, tout en ayant toujours un oeil sur le futur (comme dans la Rubrique à brac de Gotlib, un oeil vers le sol, un oeil vers le ciel).
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