Il ne s'agit pas d'une campagne pour le retour de la série Ugly Betty sur les écrans, mais bien d'une très sérieuse préoccupation environnementale.
En effet, comme plusieurs journaux s'en sont fait l'écho, une étude scientifique (non nominée aux IgNobel), disponible sur http://www3.interscience.wiley.com/journal/123299967/abstract?CRETRY=1&SRETRY=0, vient de démontrer que le nombre d'études est bien supérieur pour les espèces les plus belles que pour celles que nous trouvons disgracieuses ! Le chercheur de l'Université de Pretoria, Morgan Trimble, explique ainsi que « les scientifiques sont des humains aussi, et beaucoup d’entre eux veulent travailler avec des animaux grands et doux ». Ce biais se retrouve également dans les ONG, qui mettent en avant les espèces les plus photogéniques. Ce n’est pas un hasard si le WWF a choisi le panda comme logo, ou que les ours polaires sont souvent utilisés comme argument contre le réchauffement climatique. Il faut dire qu'avec un babiroussa ou un tamarin bicolore (photo) comme emblème, peu de chance de récolter des fonds ou de faire rêver les enfants.
Mais le problème est que cette vision « grand public » se retrouve chez les scientifiques. Plus de deux tiers des recherches concernent moins d’un tiers des espèces, principalement des grands mammifères. Comme le notent les scientifiques sud-africains, « il est peu probable que ces chiffres reflètent l’importance relative des animaux du point de vue de la préservation des écosystèmes ».
Ces stéréotypes de la beauté animale - dont il serait intéressant d'étudier la source et la construction culturelle, voire le lien avec les critères généraux de beauté humaine - ont donc un impact scientifique important. Il serait intéressant qu'Umberto Eco ajoutât un chapitre animal à son Histoire de la beauté.
Allez donc faire un tour sur le site Endangered Ugly Things - http://endangered-ugly.blogspot.com/ - pour découvrir ces espèces laides et menacées, et pourtant importantes pour nos écosystèmes. Et n'hésitez pas à adopter un cochon-cerf !
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