La ville de Courbevoie a adopté lors du conseil municipal du 13 décembre sa contribution au débat public concernant le réseau de transport du Grand Paris (http://www.debatpublic-reseau-grandparis.org/). Comme l'a rappelé Pierre Bordeaux, adjoint au maire chargé de la prospective, cet avis concerne avant tout le métro automatique du Grand Paris, même s'il traite aussi de points connexes liés à l'intermodalité (la future gare de RER E, la gare ferroviaire de Bécon-les-Bruyères).
La ville se prononce ainsi pour une station du métro automatique à La Défense, sous le CNIT ou la rue Carpeaux, afin de permettre des interconnexions rapides avec les autres modes de transport. Cette remarque vaut aussi pour la future gare de RER E, qui doit être bien reliée au centre d'échanges, et pour la future LGV Paris-Normandie. La ville se prononce également pour une gare de super métro à Bécon-les-Bruyères (réunion de concertation le 17 janvier 2011), et demande que ce projet aille de pair avec la modernisation (et notamment la mise aux normes d'accessibilité...) de la gare Transilien de Bécon. Par ailleurs, la ville se félicite que le Contrat de développement territorial qui accompagnera le développement des quartiers situés à proximité des nouvelles gares face davantage de place aux maires, qui doivent conserver leurs prérogatives. Enfin, la ville rappelle l'ardente nécessité d'une amélioration actuelle des conditions de transport et de modernisation du matériel roulant.
J'ai beaucoup aimé la carte interactive qui permet de connaître les temps de déplacement futur via le métro automatique http://www.metrograndparis.com/carteit/. Il indique à chaque fois si l'itinéraire est plus court ou non, et c'est bien dans l'amélioration du banlieue-banlieue que c'est le plus impressionnant. Si l'on prend Bécon-Issy, on passe à 15 minutes contre 32 actuellement ; 26 minutes contre 1 heure pour Roissy ; 36 minutes contre 1 h 13 pour Orly ; 25 minutes pour aller à Saclay, aujourd'hui si mal desservi. Je sais, j'ai pris, selon les contempteurs du projet, les exemples de trajet qui n’arrangeront que les hommes d’affaires. Mais cette vision me semble réductrice : l’avion s’est démocratisé, et les habitants sont aussi des salariés pressés de rejoindre leur lieu de travail ou de rendez-vous. Sans compter que ce sont aussi des pôles de vie ! Personnellement, j’ai plein d’amis à Issy et Bagneux que je serai ravi d’aller voir en moins de 20 minutes.
Mais un système de transport ne peut pas remplir toutes les attentes. L'objectif du métro automatique du Grand Paris est de relier rapidement les principaux pôles urbains de la Région capitale, ce qui rend plus difficile la prise en compte des besoins de desserte de proximité banlieue-banlieue, pour se concentrer sur ceux qui s’expriment à l’échelle de la métropole. Mais plutôt que d’essayer de résoudre une équation impossible, ne faut-il pas essayer de développer à partir de grandes gares suffisamment éloignées pour garantir des temps de trajet court un réseau secondaire performant de desserte locale. C’est d’ailleurs la suggestion que fait la ville de Courbevoie dans son avis.
Le projet Arc Express, http://www.arcexpress.fr/, n’était pas l’objet de cet avis, mais il importe d’en parler puisqu’il est ouvert à al concertation au même moment et propose un tracé proche. Sa philosophie est différente, puisque les stations sont bien plus nombreuses, privilégiant la desserte de proximité. Le problème, c’est que cela risque d’allonger considérablement les temps de trajet, et ne faciliter que les déplacements entre des villes proches, de banlieue à banlieue (des portions d’arc). On perd l’objectif de desserte globale de la métropole, adaptée à différents types d’usages. Ce projet remplit donc mieux certains objectifs que le projet de métro automatique, mais il ne couvre pas mieux les besoins dans leur ensemble. Et je remarque qu'Arc Express ne prévoit pas de desserte de Bécon-les-Bruyères, le tracé depuis La Défense passant au niveau de La Garenne Colombes, alors même qu’il s’agit d’un pôle économique en plein développement et d’un pôle d’attraction important. Je conçois qu'il puisse y avoir un débat, très intéressant, entre ces deux conceptions. Mais je conçois mal pourquoi l'opposition municipale ne s'intéresse qu'à Arc Express, qui dessert moins bien Courbevoie, et présente aussi des points négatifs, au seul motif que c'est le projet de Jean-Paul Huchon.
Bien évidemment, il est probable qu’un accord, qui tienne compte des priorités exprimées par les deux projets, soit enfin trouvé entre l’Etat et la région pour un tracé unique, et que chacun se préoccupe de ce qui restera de toute façon la clef de réussite de tout projet : les liaisons secondaires, celles qui, à partir des gares principales, vont irriguer tout le territoire. C’est ce système global que nous voulons construire à Courbevoie, via l’interconnexion, le développement de nouveaux modes de transport en commun, mais aussi via les solutions partagées (vélo comme auto) et les circulations douces. Pour que la mobilité ne soit plus théoriques, mais réelle pour tous. Et que notre commune trouve sa place qui lui revient dans le système métropolitain, celle d’un cœur du Grand Paris.
Grâce à la Region et au Stif, vous avez aimé la ligne 13, vous allez adorer Arc Express.
Rédigé par : Usager des transports | 23/12/2010 à 13:20