Le débat social ne se limite pas aux 35 heures ou à la retraite à 60 ans ! L'année 2011 sera une année riche sur le plan social, ce qui permettra au Gouvernement non seulement de mettre en œuvre des mesures destinées à améliorer la vie quotidienne des Français, mais aussi d'esquisser une première vision du contrat de protection sociale renouvelé que la droite pourrait porter en 2012.
Premier chantier de taille, celui de la dépendance. «Chacun a le droit à sa dignité face aux souffrances du grand âge», a réaffirmé le Président de la République lors de ses vœux le 31 décembre. Il s'agit bien sûr de faire face aux besoins de financement pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes dont le nombre va croître rapidement, mais aussi d'améliorer les conditions de cette prise en charge. Roselyne Bachelot a installé ce mardi 4 janvier quatre groupes de travail qui devront rendre leurs conclusions avant l’été. Il s’agira déjà de se pencher sur la situation actuelle, où les dépenses sont partagées entre l’assurance-maladie (60%), les départements (20%, via l’allocation personnalisée à l’autonomie, APA) , et les ménages, pour lesquels le reste à charge, notamment de l’hébergement, est important. Plusieurs solutions de financement seront examinées : la fiscalité, avec par exemple la piste d’une hausse de la CSG des retraités ou d’une hausse des prélèvements sur les successions ; la question de la création d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale, celle d’un recours aux assurances privées. Cependant, il ne faudrait pas que le débat technique occulte une fois de plus la signification sociale de ces choix : recours à la solidarité nationale / recours à la prévoyance individuelle, équilibre dans la solidarité entre les générations, ce sont des débats qui dessinent le pacte social de demain, et auxquels les citoyens doivent être associés. Ne passons pas une fois de plus à côté des débats structurants sur l’avenir de la protection sociale !
Deuxième chantier, l'emploi. Xavier Bertrand veut inverser la courbe du chômage, qui a progressé de 20% depuis 2009 suite à la crise économique, avec un accroissement du chômage de longue durée. C'est bien évidemment un des facteurs essentiels de renforcement de la cohésion sociale. Un premier accent sera mis sur l'apprentissage et l'alternance pour améliorer l'emploi des jeunes, sous la houlette de Nadine Morano, qui a annoncé son objectif de faire passer le nombre de bénéficiaires de ces formations de 600.000 à 800.000 en quatre ans. La question de l'emploi des seniors – sur laquelle Jacques Kossowski, député-maire de Courbevoie, a rendu un rapport - sera également abordée. Les différentes questions de fond, comme la cassure très nette entre les insiders et les outsiders sur le marché du travail, les formes dégradées de travail, les contrats précaires et le temps partiel subi, la contribution de tous à l’assurance chômage, la pertinence de la formation professionnelle actuelle, l’efficacité du système d’aide au retour à l’emploi ne pourront plus être contournées si l’on veut vraiment offrir un modèle cohérent d’accès à l’emploi et de progression dans l’emploi pour 2012.
Troisième chantier : relancer le dialogue social. Syndicats et patronat vont devoir entamer des négociations obligatoires (retraites complémentaires, convention d'assurance chômage) et des discussions sur la vie au travail, le financement de la protection sociale ou les institutions représentatives du personnel. Sans compter des sujets comme la pénibilité que les syndicats souhaitent faire vivre au-delà du débat sur les retraites. Là aussi, ces discussions seront un test pour la vitalité de notre démocratie sociale. Certaines enceintes comme le Conseil économique, social et environnemental, pourraient d’ailleurs être associées afin de parvenir à une véritable réflexion sur la place des corps intermédiaires dans notre pays, comme forces d’adaptation permanente de notre modèle social, et non comme responsables de l’immobilisme des positions.
Espérons que cette année soit réellement utile non seulement en actions, mais aussi en réflexions. Trop longtemps, des mesures présentées comme des ajustements techniques ont masqué les options politiques qui étaient prises dans le domaine social. Responsabiliser chacun, faire des arbitrages nécessaires pour rendre notre modèle de protection sociale plus juste et plus efficace n’est possible qu’en associant pleinement les citoyens à des choix qui engagent leur vie de tous les jours comme leur avenir.
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