Des sociétés bloquées, des pouvoirs politiques vieillissants, un vrai malaise de la jeunesse de plus en plus diplômée et de moins en moins employée : voici la situation explosive qui couvait au Maghreb depuis quelques années et qui vient d’exploser, non par la politique, mais par la rue.
En Tunisie, le suicide d’un jeune de 26 ans, Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé par le feu, a provoqué de vives réactions. Diplômé ne trouvant pas de travail, il était devenu marchand ambulant. Mais la confiscation de son étal par la police l’a conduit à ce geste de désespoir. Malgré les tentatives d’apaisement du président Ben Ali, qui a débloqué des fonds pour lutter contre le chômage, le mouvement a repris avec des grèves, notamment des avocats, et des manifestations d’étudiants. Un deuxième marchand ambulant s'est immolé ce samedi 8 janvíer.
En Algérie, des émeutes spectaculaires ont éclaté pour protester contre l’augmentation du coût des denrées alimentaires, et plus largement contre la situation économique et sociale de la jeunesse. Là aussi, le président Bouteflika a annoncé des mesures pour faire baisser les prix des denrées de première nécessité, sans convaincre.
Ces manifestations révèlent les tensions sociales entre riches et pauvres comme entre actifs bien intégrés et jeunes qui peinent à trouver une place dans la société, qui caractérisent ces deux pays (avec des différences notables entre eux cependant).
Espérons que ces crises n’entraînent pas de bain de sang, mais qu’elles soient le point de départ d’un vrai changement politique et social en Tunisie comme en Algérie. L’histoire des révoltes nous apprend que la crise alimentaire et l’absence de perspectives pour la jeunesse sont les causes de mouvements puissants et durables. C’est une révolte ? Non, Sire, c’est peut-être une révolution.
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