La fin de l'Histoire, telle que la théorisait Francis Fukuyama à la fin de la Guerre froide, c'est-à-dire la convergence de l'Humanité vers la démocratie libérale, en une sorte de point omega à la Teilhard, a été l'une des théories les plus moquées au début des années 2000. Balayée par le Choc des civilisations de Samuel P. Huntington, qui repense la conflictualité globale non en termes d'oppositions idéologiques, mais culturelles, "civilisationnelles" - reposant pour lui sur un fort substrat religieux -, c'est par excellence l'analyse dominante dans les guerre post-11 septembre. Pourtant, les révoltes qui secouent le monde arabe ont montré que c'était bien la préoccupation démocratique qui était motrice de ces bouleversements. Ceux qui prédisaient, avec leur grille de lecture Huntington qui a servi durant des années à soutenir les dictatures, que les extrémistes religieux allaient prendre le pouvoir en ont été pour leurs frais. Même s'il faut se garder de toute simplification et bien voir que la situation tunisienne est différente de la situation égyptienne, qui n'a elle-même rien à voir avec al Libye ou le Yémen... Il restera d'ailleurs à savoir si la guerre menée en Libye, présentée par certains comme une croisade - vocable très néocons - s'inscrit dans une logique de soutien à l'expression de la démocratie libérale ou de choc des civilisations...
Ces petits rappels pour souligner combien nos visions du monde peuvent être structurées par des ouvrages de référence, qui théorisent souvent l'air du temps, et passent du monde universitaire aux médias, puis au politique et au social. Et pour ne jamais oublier qu'il faut mieux multiplier les approches pour tenter de cerner la réalité que de se contenter de la fabriquer avec une seule optique. Nous avons remplacé le couple paix-démocratie par sécurité-stabilité : les événements semblent nous donner tort et nous devons en tirer toutes les conséquences.
Autre ouvrage culte de la fin des années 1980, La société du risque d'Ulrich Beck, ouvrage tchernobylien par excellence, n'a jamais connu le sort de Fukuyama. Il est resté une des bibles des partisans du principe de précaution maximale et de l'écologie politiquen, et il faut bien reconnaître que la notion de risques a envahi tous les pans de notre activité humaine. Pourtant, à l'heure même où un courant assez net se dessinait pour souligner les limites de cette vision en termes d'innovation, de croissance, mais aussi de confiance de la société, l'accident nucléaire de Fukushima remet au premier plan cette vision de la société du risque environnemental - et Ulrich Beck signe une tribune dans Le Monde daté de samedi. L'Histoire a ses retours, reste à savoir si ses convulsions nous conduiront à un progrès !
Rien sur la défaite?
Rédigé par : LoLo | 29/03/2011 à 10:04
Celle de Samuel Huntington ? Pour le reste, ça vient, bien évidemment. Je ne suis pas du genre à me cacher derrière mon petit doigt.
Rédigé par : Jean Spiri | 29/03/2011 à 12:24
Les élus PS à Courbevoie étaient déjà très arrogants mais la multiplication de leurs provocations devient puérile.
Quand le candidat victorieux ne réunit même pas la majorité des votants, il pourrait au moins avoir la victoire modeste...
Rédigé par : David | 29/03/2011 à 17:56