Le site du Sénat explique de manière claire et pédagogique le déroulement des élections sénatoriales http://www.senat.fr/senatoriales_2011/caracteristiques_scrutins.html, qui auront lieu le 25 septembre prochain. Pourtant, on demeure un peu perplexe devant la complexité des règles d'élection comme de composition du corps électoral.
En effet, contrairement à ce que j'ai toujours pensé avant de devenir moi-même grand électeur, il n'y a pas que des élus qui votent pour ce scrutin. Et bien non ! Les conseils municipaux désignent si besoin, en fonction de la population (plus de 30 000 habitants), des grands électeurs supplémentaires. C'est le premier point un peu curieux, qui revient souvent à élargir le nombre d'électeurs en respectant une proportionnalité entre les groupes politiques (d'autres conseils municipaux préfèrent valoriser les présidents d'association, etc., en leur donnant la possibilité de s'exprimer). J'avoue que tout cela me laisse un peu perplexe, mais ce n'est pas sur ce point - en tout cas pour l'instant - que je trouve que le mode d'élection induit des effets pervers forts (plutôt un manque de lisibilité et de transparence).
Non, ce qui me semble avoir des effets pervers, ce sont les modes de scrutin et leurs différences. Dans les départements où il faut élire entre 1 et 3 sénateurs, ce scrutin est majoritaire à deux tours (uninominal ou plurinominal). Dans les autres départements, c'est un scrutin de liste. Mis à part dans le cas du scrutin uninominal, il y a possibilité de constituer des listes. Mais les listes ont vite un effet pervers : la volonté de contourner l'incertitude de la liste par la dissidence, où la tête de liste peut avoir plus de chances d'être élu qu'en figurant en milieu de liste. Effet pervers, car les dissidences rapportent souvent moins de sièges au final du fait de l'attribution du plus forte reste (un calcul fort complexe). Effet pervers, car la féminisation induite par le scrutin de liste peut n'avoir aucune réalité si les têtes de liste sont toutes tenues par des hommes, et si chaque liste ne recueille que suffisamment de suffrages pour avoir un élu. A partir du moment où les grands électeurs semblent préférer voter pour des individualités, pourquoi ne pas changer ce mode d'élection ? Mais alors, comment garantir une féminisation du Sénat ? Je n'ai pas de réponse toute prête, mais il me semblerait intéressant de se pencher sur cette question.
Je suis persuadé pour ma part de l'intérêt du Sénat, et j'ai souvent observé que le travail des sénateurs pouvait être plus approfondi (et moins aux ordres...) que celui des députés. Il ne s'agit donc pas de remettre en cause le bicamérisme, mais bien de s'interroger sur la lisibilité d'un mode d'élection qui, s'il est indirect, ne doit pas pour autant être obscur aux yeux des citoyens (voire des grands électeurs).
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