Une note de saison, un avant-goût de Toussaint, mais de Toussaint un peu particulière. Tout le monde connaît le cimetière des éléphants (pas celui de la rue de Solferino), et des controverses sans fin autour de son existence (j'ai le souvenir d'une expo au Musée en herbe du Jardin d'acclimatation, qui expliquait que l'éléphant finissait par avoir les molaires usées, et pouvait en mourir). Mais tout le monde n'a pas eu la chance d'en voir un (même si l'éléphant est unique).
Lors de mes pérégrinations ce week-end, j'ai découvert un lieu plus inattendu, un vrai cimetière d'éléphant sur les bords de la Loire, au Château de Chaumont. Il s'agit de la tombe de Miss Pundji, éléphante d'Asie offerte à Marie Say, princesse de Broglie par un de ses amis maharadjah ; cette éléphante de compagnie, très appréciée de la famille, fut soignée par quatre cornacs successifs et finit par être donnée au Jardin d'acclimatation (il faut dire que sa nourriture représentait celle de dizaines de chevaux). Elle repose cependant au Château de Chaumont - pourtant vendu à l'Etat entretemps - avec les chiens, autres compagnons fidèles, signe de l'importance qu'elle eut dans la vie de ce domaine.
La phrase inscrite sur sa tombe "Ô tristes que nous sommes / notre fantaisie ici enfouie" sonne d'ailleurs comme une double épitaphe : Marie Say, femme fantasque (son remariage avec un Infant d'Espagne de trente ans son cadet, et le procès - perdu - que lui intentèrent ses enfants firent scandale à l'époque), meurt la même année que Miss Pundji. En regrettant sûrement toutes ces années de fantaisie enfuies.
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