Le marché de l'immobilier en Ile-de-France est reparti à la hausse, après un trou d'air finalement très bref. Le prix du mètre carré atteint 7330€ en moyenne en 2010 sur Paris, et a dépassé la barre des 5000 € dans la région. Nous avons atteint des prix qui ne sont plus socialement et même économiquement viables. Ce n'est pas la Fondation Abbé Pierre qui le dit, c'est ... le président de la Chambre des notaires de Paris, Christian Lefebvre ! Il a ainsi déclaré, dans une tribune publiée dans Les Echos : "Il est urgent de stabiliser le prix des logements, comme c'est le cas en Allemagne depuis longtemps, et de revenir à une corrélation avec les revenus."
A Courbevoie, l'une des plus fortes hausses de la région, les prix ont augmenté de 15,7 %. Cette hausse pourrait nous réjouir, car elle est le signe de l'attractivité de notre territoire, et la reconnaissance du travail entrepris par l'équipe municipale pour améliorer toujours la qualité de vie. Mais elle nous inquiète, car les effets d'éviction sont nombreux, pour les jeunes, pour les plus âgés, pour les plus modestes - mais aussi pour des professions où les salaires ne sont pas très élevés et dont nous avons fortement besoin - je pense notamment aux aides soignantes ou aux puéricultrices. Courbevoie est une ville qui a su préserver une certaine mixité sociale, à laquelle nous sommes attachés, et nous devons préserver un accès large, pour des populations différentes, au logement dans notre ville. Certes, il y a encore des constructions dans notre ville, que ce soit en logement social (http://jeanspiri.typepad.fr/blog/2010/10/courbevoie-une-autre-vision-du-logement-social-.html) ou avec des programmes comme celui des Terrasses de Seine (illustration ci-dessus). Mais le foncier se raréfie. La commune, seule, ne pourra pas faire grand chose, si ce n'est, comme nous l'avons fait dans notre PLU, inscrire des règles concernant la mixité et le logement social.
L'approche globale du logement en Ile-de-France passe d'abord par une action sur l'offre. Cela signifie la mise en construction de nombreux logements, sociaux ou pas, et pas seulement dans des communes très éloignées du centre... La région doit jouer, aux côtés de l'Etat, un rôle qu'elle a visiblement oublié ces dernières années. Sans compter qu'il faut également que le logement social Il faut aussi mieux exploiter le foncier constructible : aujourd'hui, certains de nos PLU sont des obstacles à cette progression de l'offre, et il ne faut pas hésiter à mettre en oeuvre des solutions innovantes, comme l'avait d'ailleurs souligné le Secrétaire d'Etat chargé du Logement et de l'Urbanisme, Benoist Apparu (http://jeanspiri.typepad.fr/blog/2011/01/lib%C3%A9rer-lurbanisme-de-la-r%C3%A9gion-parisienne-1.html). Enfin, il est évident qu'il faut faciliter la vente et l'achat, en réduisant les droits de mutation et tous les freins à la mobilité des ménages, ainsi que mieux sécuriser la location.
Ensuite, il faut bien sûr agir sur les capacités financières des ménages. Mais le faire intelligemment, car les politiques de crédit facile ont également joué un rôle important dans l'augmentation irraisonnée des prix. Le nouveau prêt à taux zéro, dit PTZ +, mis en place par Nathalie Kosciusko-Morizet et Benoist Apparu, paraît ainsi mieux remplir les objectifs d'accession à la propriété sans pour autant présenter d'effets pervers.
Enfin, il y a un enjeu social majeur. Selon l'observatoire CréditLogement, acheter sa résidence principale coûte en moyenne 4,6 années de revenus en 2010, contre 3,2 seulement fin 2000. En remontant plus loin sur le temps, un jeune couple loue ou achète aujourd'hui, avec le même niveau de revenus, une surface trois fois moindre à Paris ou dans sa proche banlieue. La cherté des logements angoisse les jeunes, qui désespèrent de devenir propriétaires, et pénalise l'attractivité économique du pays comme de la métropole. C'est une situation très préoccupante qui participe de la jeunesse française. Et à laquelle il faut apporter des réponses spécifiques, notamment en termes de type d'offres, de soyutien tout au long du parcours locatif qui va du logement étudiant au premier appartement, puis vers l'accession à la propriété.
Au niveau local, nous devons nous projeter à un niveau de territoire plus vaste que celui de la commune. Le logement, et plus particulièrement la diversité de l'offre, est un des compétences déléguées à la communauté d'agglomération Seine-Défense que nous avons constituée avec Puteaux. Par ailleurs, nous réfléchissons dans le cadre du SIEP des deux Seine à la diversité de l'offre de logement et aux parcours locatifs sur l'ensemble du territoire des cinq communes du syndicat, afin de bien identifier les priorités d'action. Mais une telle politique d'offre n'est possible qu'en lien permanent avec l'Etat et la région. Il faut que tous les partenaires se mettent autour de la table : il y a un problème spécifique qui concerne l'Ile-de-France, ne faisons pas semblant de l'ignorer !
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