Ce samedi 11 novembre, les 200 pays rassemblés sous l'égide de l'ONU à Cancun ont adopté un texte déclinant une série de mécanismes pour lutter contre le changement climatique. C’est une nouvelle rassurante, qui montre que le multilatéralisme peut encore produire des résultats, même avec la méthode du consensus (qui ne signifie pas pour autant l’unanimité puisque la Bolivie a marqué son désaccord). Plus que des résultats, il faudrait d’ailleurs plutôt parler comme Nathalie Kosciusko-Morizet qui a déclaré "on sauve de la faillite le système multilatéral de négociations sur le changement climatique".
Car ce texte ne permet pas de construire l’après Kyoto, le seul texte juridiquement contraignant sur le climat existant à ce jour. Or la première phase d'engagements de Kyoto expire en 2012, et de nombreux pays ont prévenu qu'ils ne prolongeraient pas le protocole, exigeant un nouveau traité incluant les autres pays émetteurs de gaz à effet de serre, à commencer par les Etats-Unis, la Chine et l'Inde.
Pourtant, il faut quand même saluer certaines avancées de Cancun, comme la prise en compte des besoins spécifiques des pays en développement. L’idée est en effet de leur permettre de construire leur croissance sur des bases vertes dès l’origine, grâce à un accompagnement financier, et ainsi de mettre fin à une critique récurrente contre les pays développés, soupçonnés d’imposer des standards qu’eux-mêmes n’avaient pas respectés du temps de leur croissance industrielle. Ce Fonds vert permettra aux pays en développement de s'adapter au changement climatique, de favoriser la protection des forêts tropicales et les partage des technologies propres comme le solaire ou l'éolien. Placé sous l'égide temporaire de la Banque mondiale, cet organisme sera en mesure de distribuer 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Enfin, en théorie, car si ces fonds doivent provenir des pays développés, aucun mécanisme précis n’est prévu.
Une sorte de bonne conscience qui n’engage pas grand chose de la part des pays développés, dont certains refusent toujours d’adopter des mécanismes contraignants. Mais l’espoir qu’un jour de véritables négociations multilatérales puissent s’engager entre pays en développement et pays développés, dans la mesure où ce correctif financier permettra demain de ne plus mettre en balance croissance économique et protection de l’environnement. Car on ne peut demander à certains de sacrifier leur progrès pour un bonheur commun sans imaginer de tels mécanismes de compensation. Et il est temps, parallèlement, de montrer que le progrès est bien sûr possible, grâce aux avancées de la science, sur des bases plus respectueuses de l’environnement.
En attendant, les ours blancs pourront continuer à mimer l’attitude des humains : fermer les yeux devant l'urgence d'un changement à l’échelle planétaire.
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