Rédigé à 11:36 dans Actualité, Courbevoie | Lien permanent | Commentaires (0)
Voici le texte de l'article "Le souterrain, lieu ambigu de la littérature" que j'ai écrit pour le n°59 de "La Pierre d'Angle", revue de l'Association nationale des Architectes des Bâtiments de France. Je remercie son président, Frédéric Auclair, pour sa confiance - et le bonheur que m'a procuré l'écriture sur ce thème dans cette très belle revue. J'en profite pour rappeler à tous l'importance de ce corps, qui, loin d'une image réductrice de conservateurs pinailleurs, joue au contraire un rôle essentiel dans l'évolution de la prise en compte de notre patrimoine, y compris moderne, dans l'évolution architecturale, et dont les membres sont des conseils précieux tant pour les propriétaires privés que pour les édiles. Leur rôle doit être défendu !
Le souterrain, cet univers qui, à l’inverse des terres visitées dans le Voyage au centre de la terre de Jules Verne, est habité, voire architecturé, occupe une position ambivalente dans la littérature. Monde imaginaire aux caractéristiques réelles, monde réel aux personnages surnaturels, lieu répulsif, concentré des faiblesses et des vices du monde d’en haut, ou peuplé d’êtres étranges et inquiétants, ou au contraire lieu préservé, qui par contraste avec sa dimension souterraine, recèle plus de pureté véritable que la corruption de l’air libre, l’univers souterrain est plurivoque. Parfois prolongation de notre monde et de notre société, il peut également prendre la figure de l’utopie, de l’ailleurs, un ailleurs qui, bien souvent, nous parle davantage de nous-mêmes que les figures réalistes que sont les égouts et les catacombes. Au-delà du lieu, c’est l’accès, la sortie ou l’entrée dans cet univers, qui donne sens à l’œuvre : révolte des profondeurs, course à l’abîme, descente aux enfers ou résurrections, ce sont Montecristo sortant du cachot du château d’If ou Orphée descendant aux Enfers les héros du monde souterrain. Miroir de notre monde, le souterrain est également le miroir de l’âme de l’écrivain : dans les Carnets du sous-sol de Dostoïevski, l’enfermement volontaire du narrateur reflète sa nature atrabilaire et son dégoût du monde d’en haut.
C’est peut-être l’auteur norvégien Kjartan Fløgstad, dans son livre Pyramiden, qui a su le mieux décrire cette multiplicité des signifiants du monde souterrain : « Mais l’intérieur de la terre, et notre propre univers intérieur, ne recèle pas seulement le magma, fluide vivant, il ne recèle pas seulement le feu infernal, des mines et des tombes, des planètes peuplées d’humains miniatures, de sentiments profonds, et d’un chagrin sans fond. Chez Ludvig Holberg, l’ouverture sur l’intérieur du globe terrestre mène aussi à l’Etat utopique Potu. Nos ancêtres avaient peur d’être bergtekne, faits prisonniers de la montagne. Montagne sous la surface de laquelle se trouvaient enchantement et abandon. Dans la littérature, notre univers intérieur, comme le souterrain, est un lieu ambigu. »
Une des premières formes de représentation du souterrain dans la littérature est celle de l’utopie, ce lieu qui n’existe pas, mais qui peut se révéler un ailleurs radicalement différent, ou le parfait miroir du monde d’en haut. Mais même l’ailleurs nous parle de nous ; le monde souterrain de Niels Klim, que nous fait découvrir Ludvig Holberg, a beau compter des pays peuplés d’arbres vivants, ceux-ci évoquent notre société et ses travers, et cet ouvrage conserve toute sa modernité. De la même façon, les villes-miroirs souterraines peuvent être un univers de pure fantaisie, comme le Londres d’en bas de l’auteur de science-fiction anglais Neil Gaiman, ou bien alors refléter les caractéristiques exacerbées de notre réalité : chez les auteurs belges de bande dessinée Schuitten et Peeters, le Brüsel d’en bas nous parle du Bruxelles d’en haut, de son urbanisme et son architecture ; leurs Cités obscures ont toutes les caractéristiques de nos rapports sociaux, techniques, urbains.
Le film Metropolis de Fritz Lang présente un univers qui se situe à l’interface de ce monde d’ailleurs et d’un réalisme qui fait du souterrain une strate organisée de notre société. La cité souterraine qui abrite les ouvriers est bien sûr une métaphore claire de la hiérarchie sociale. Mais cette cité repose elle-même sur un souterrain, celui de catacombes primitives d’où émerge la révolte qui balaie cet ordre social. La pureté réside parfois plus dans le souterrain que dans les jardins d’Eden merveilleux des immeubles qui tutoient le ciel. Il s’agit bien sûr d’une approche métaphorique, mais est-elle si éloignée de la réalité de certains de nos quartiers, voire de nos immeubles, si bien organisés pour créer la distinction sociale ?
La littérature populaire du XIXe siècle a beaucoup investigué le Paris souterrain, naviguant entre une veine réaliste et une veine fantastique. Le souterrain devient un objet à part entière de la ville, qui n’en recèle pas moins un univers méconnu. Cette matérialité nouvelle du souterrain n’empêche en effet pas le fantastique, ou bien encore l’extension à l’infini de cet univers connu. Ainsi la réserve d’eau sous l’opéra Garnier devient un lac immense sous la plume de Gaston Leroux dans Le Fantôme de l’Opéra, mais le fantastique est rattrapé par la réalité : l’intérieur que le fantôme s’est aménagé correspond aux canons du goût bourgeois. Le monde souterrain est désormais connecté à la ville : réceptacle des bas-fonds, mais aussi de la différence, c’est un univers qui échange avec la société, comme dans les Salons et souterrains de Joseph Méry. L’immeuble haussmannien se poursuit en sous-sol. Il serait cependant là encore fallacieux d’y voir une vision univoque. Comme l’écrit Victor Hugo dans Les Misérables, « Les sociétés humaines ont toutes ce qu’on appelle dans les théâtres un troisième dessous. Le sol social est partout miné, tantôt pour le bien, tantôt pour le mal. […] Il y a un haut et un bas dans cet obscur sous-sol qui s’effondre parfois sous la civilisation, et que notre indifférence et notre insouciance foulent aux pieds. […] Toute lave commence par être nuit. Les catacombes, où s’est dite la première messe, n’étaient pas seulement la cave de Rome, elles étaient le souterrain du monde. » Toujours le souterrain porte en lui cet espoir d’une lumière nouvelle, et d’un retournement de nos valeurs.
Les mondes souterrains sont aujourd’hui mieux explorés, certes, mais ils n’ont pas finis de fasciner, et sont toujours un point de départ de l’imaginaire de l’écrivain. L’élu de Courbevoie-La Défense que je suis se souvient ainsi du roman de René-Victor Pilhes, L’imprécateur, dans lequel la tour qui abrite une grande multinationale se fissure par le sous-sol, comme une manifestation physique des failles d’un certain capitalisme. Le souterrain demeure bien le révélateur des préoccupations de notre société. Tout comme il porte l’espoir d’un retournement, à l’image du renversement baroque qui voit Niels Klim tomber de la terre dans un nouveau ciel.
Rédigé à 10:53 dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2)
Les blogs sont un formidable espace d'expression de la démocratie, et j'accepte bien volontiers les commentaires, même quand ils sont de l'opposition et qu'ils ne me sont pas favorables. En cela ce blog se distingue d'autres sur Courbevoie. J'accepte bien évidemment les remarques de mes collègues, avec qui nous échangeons souvent sur le contenu de ce blog. Il m'arrive de commenter d'autres blogs, et je le fais à visage découvert ! Ce qui n'est pas le cas d'un de mes collègues qui vient de faire un commentaire personnel et déplaisant (et que j'ai retiré), en se pensant protégé par l'anonymat. Je donne un petit conseil amical à ce collègue indélicat et (dé)masqué : ne pas utiliser son ordinateur professionnel pour commenter ! En effet, l'adresse IP, quand elle est fixe, permet de retracer très facilement l'origine d'un commentaire...
Sur ce, je retourne à mes dossiers, et continuerai à travailler avec tous mes collègues (même celui qui a besoin d'un cours de rattrapage en "corbeau numérique") pour les Courbevoisiens ! Nous avons trop de projets à réaliser ensemble pour nous arrêter à ces pécadilles.
Rédigé à 13:31 dans Coup de gueule | Lien permanent | Commentaires (3)
Rédigé à 11:57 dans Actualité, Courbevoie, Gastronomie | Lien permanent | Commentaires (1)
Dans Le Figaro éco du 19 juin 2012, sous la plume de Cécile Crouzel, un article intéressant sur l'emploi public dans les collectivités, qui va plus loin que les habituels poncifs - http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/06/18/20002-20120618ARTFIG00900-emploi-public-le-grand-ecart-entre-les-villes.php. Il souligne d'abord la hausse de la demande des habitants en matière de crèches et de sécurité, avec des conséquences sur les effectifs, avant de poser ce constat : "mieux vaut habiter dans une région rurale ou dans une agglomération bien organisée pour avoir à payer moins de fonctionnaires locaux". Le déséquilibre est particulièrement fort entre l'Ile-de-France et les autres régions : ainsi, "en moyenne, les contribuables d'une agglomération de 100.000 habitants doivent assumer la charge de 860 postes en plus en région parisienne qu'en Lorraine, d'après les calculs de l'Assemblée des communautés de France (ADCF)." Bien évidemment, il faut corréler ces chiffres avec les services offerts, mais aussi avec les revenus des collectivités, ou même avec la situation locale de l'emploi. Cependant, selon l'ADCF, "les disparités entre régionss'expliquent surtout par le développement de structures intercommunales : les régions où l'intercommunalité est la plus ancienne et emploie en propre le plus de personnel, comme l'Alsace, la Picardie, la Basse-Normandie et la Bretagne, sont celles où le nombre d'agents total par agglomération, communes et intercommunalités réunies, est le plus limité. À l'inverse, l'Ile-de-France, où beaucoup de communes ne font pas partie de groupements, détient les records d'emploi public, note-t-on à l'ADCF. À terme, l'intercommunalité permet de faire des économies. De nombreuses fonctions, comme la communication et les services financiers, peuvent être mutualisées.»
Bien évidemment, des doublons peuvent tout d'abord se développer entre l'intercommunalité et les communes. Mais lorsque les intercos sont bien installées, on constate les bienfaits de la mutualisation. Sur l'ensemble de la France, "en 2011, d'après de premières statistiques, l'emploi dans les seules communes a diminué de 0,4 %." Une tendance qui contraste avec les années précédentes et laisse espérer que la meilleure gestion des collectivités, alliée aux bienfaits des intercos, produise ses effets.
Cela nous incite à poursuivre l'intégration au sein de la Communauté d'agglomération Seine-Défense qui réunit Courbevoie et Puteaux, et dont l'objectif a toujours été de faire plus et mieux, à coûts constants pour le contribuable - voire demain à coût moindre !
Rédigé à 11:50 dans Actualité, Courbevoie | Lien permanent | Commentaires (1)
Rédigé à 17:43 dans Actualité, Courbevoie, Gastronomie | Lien permanent | Commentaires (0)
Voici une tribune de Philippe Bas, ancien ministre, sénateur UMP de la Manche, parue dans le Monde aujourd'hui, que je partage.
Il faut métamorphoser l'échec électoral par le renouveau de nos idées et de notre projet. Cherchons l'air pur des hauteurs ! Nous avons le temps pour nous.
Dans la nostalgie du pouvoir, l'UMP pourrait décider de camper sur des positions figées, sûre d'elle-même, sans état d'âme, en restant sur la même ligne politique qu'au cours des cinq dernières années, mais sans doute avec les mêmes résultats que ceux enregistrés à tous les scrutins depuis 2007.
A l'inverse, elle peut entreprendre de se reconstruire sur de nouvelles bases en profitant de la liberté que donne l'opposition, avec un nouveau projet, de nouveaux hommes, une nouvelle stratégie. Commençons par tirer les leçons de l'échec. Rassurons les Français sur notre capacité à répondre à une attente de justice qui ne doit pas sacrifier le dynamisme économique. Refusons toute complaisance à l'égard d'une extrême droite ennemie des libertés, négatrice des droits fondamentaux, propagandiste d'une politique économique et sociale d'appauvrissement des Français et d'affaiblissement de la France.
Il faut choisir la voie du renouveau, écouter et entendre les critiques des Français, admettre que toutes n'étaient pas injustifiées, en tirer sincèrement les conséquences. Si notre diplomatie de paix, notre politique européenne, notre gestion de la crise économique, nos grandes réformes sociales (retraites, RSA), toutes choses essentielles pour le pays, n'ont pas été sérieusement contestées, il n'en va pas de même de notre mode de gouvernement, qui fut parfois erratique. Les Français n'ont pas aimé les à-coups d'une pratique politique consistant à scruter les attentes de l'opinion avec une loupe grossissante pour y réagir dans l'instant par la surenchère législative. Ils n'ont pas été dupes d'un discours aussi ambigu qu'inefficace suggérant que tant de nos maux viendraient des étrangers, des musulmans, des assistés, des jeunes, de l'Europe, de la mondialisation... Le discours du clivage et de la stigmatisation met toujours le pouvoir face à ses propres impuissances. Inscrit dans la durée, ce discours ne peut servir que les forces de la contestation radicale. Ce n'est pas seulement une faiblesse politique et morale, c'est aussi une erreur tactique.
Il est urgent de réaffirmer nos fondamentaux, avec un projet de société qui repose sur notre confiance dans l'individu plutôt que sur nos attentes à l'égard de l'Etat, sur la croissance économique et l'esprit d'entreprise plutôt que sur l'accroissement des dépenses publiques et la hausse des impôts. Ce projet doit s'attacher à améliorer l'efficacité de notre modèle éducatif, de notre modèle social et de notre modèle d'intégration pour donner à chacun sa chance et ne laisser personne sur le bas-côté de la route. Notre vision du monde ne doit pas nous conduire à nous replier stupidement sur nos frontières mais à dynamiser l'Europe et à la rendre plus solidaire pour être forts dans la mondialisation, alors que seuls nous serions faibles. Cela va de soi, nos convictions républicaines doivent être inébranlables et insoupçonnables, respectueuses de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen comme des droits et devoirs politiques, économiques et sociaux énoncés par le préambule de la Constitution de 1946.
Enfin, il nous appartient de construire jour après jour une opposition appréciée des Français. Cela suppose d'être fermes sur nos grandes options, mais aussi de comprendre qu'on ne s'adresse pas à nos compatriotes comme à des militants à embrigader mais comme à des citoyens libres de tout engagement, ouverts et de bonne foi. Nos actes doivent plaider en ce sens. La gauche ne fera pas que de mauvaises choses. Ne soyons pas sectaires. Ne disons pas non à tout. Ce sera le meilleur moyen de démontrer que nous sommes ouverts et que nous ne nous cramponnons pas au passé. La page que nous allons écrire est vierge. Ne la souillons pas en nous montrant rigides, frileux ou immobiles.
Au contraire, ayons confiance en nous ! Plutôt que d'opter pour la démagogie, où nous trouverons toujours plus culottés que nous, choisissons de donner sa chance à la pédagogie. Au lieu de courir tour à tour après les marchands de bonheur et les prophètes de malheur, attachons-nous à répondre concrètement aux attentes de ceux qui se croient déclassés, menacés ou méprisés. Ramener au bercail les brebis égarées, oui. Les rejoindre pour bivouaquer avec elles en haut du précipice, non. Athènes et Rome nous rappellent que les démocraties sont mortelles. A chaque fois, c'est la même maladie dégénérative qui les tue : la démagogie, la surenchère populiste, la bêtise, l'intolérance et la haine. Ne croyons pas que cela soit impossible ici, au XXIème siècle, en pleine crise !
L'UMP sait où est son devoir. Le choix de son président sera pour elle une véritable chance de refondation. La question principale n'est pas celle des femmes et des hommes capables demain de prendre des responsabilités : nous n'en manquons pas. C'est la question du projet, de la ligne politique et des alliances. Ce grand rendez-vous démocratique interne à l'UMP est déterminant avant la préparation des élections de mi-mandat en 2014 et avant le choix d'un candidat à l'élection présidentielle par des primaires ouvertes. Il ne doit pas être manqué !
Rédigé à 17:29 dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 11:36 dans Actualité, Courbevoie, Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 00:22 dans Actualité, Courbevoie, Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
Les résultats du 10 juin sur la 3e circonscription sont clairs : Jacques Kossowski recueille 48,6 % des suffrages exprimés dès le 1er tour, et il est désormais soutenu par la candidate de l'Alliance centriste, Florence Villedey. Mais nous avons tous constaté le taux d’abstention élevé au niveau national comme local de ces élections législatives. Trop d’électeurs n'ont pas voté, pensant sans doute que les jeux étaient faits sur notre circonscription, ou déçus par les résultats de la présidentielle. Pour le second tour, c'est un risque encore plus grand. N’oublions pas qu’il ne s’agit pas seulement de confirmer et d’amplifier le résultat du 1er tour. Il est important que notre famille politique montre sa détermination et sa capacité à se mobiliser pour peser dans le débat national durant ces 5 ans, défendre ses priorités comme le développement économique et l’emploi, et créer une dynamique pour les prochaines élections, locales comme nationales. Alors, le 17 juin, n'hésitons, pour le local comme pour le national, votons Jacques Kossowski.
Cette mobilisation vaut aussi pour la 6e circonscription des Hauts-de-Seine, où Jean-Christophe Fromantin est arrivé largement en tête, mais affronte une triangulaire. Rappelons qu'il est le seul candidat officiel de la droite et du centre, et d'ailleurs je serai aux côtés de Valérie Pécresse vendredi pour le soutenir à Courbevoie. Alors, le 17 juin, pour le local comme pour le national, votez Jean-Christophe Fromantin.
Rédigé à 17:38 dans Actualité, Courbevoie, Politique | Lien permanent | Commentaires (2)
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